Cabaret toy
Les personnages qui peuplent l’univers de Daniil Harms ne sont pas simplement issus de son imagination, il les a observés autour de lui, subissant l’oppression, essayant tant bien que mal de se maintenir à la surface, d’éviter les coups et d’intégrer sans comprendre les règles que le pouvoir politique leur impose.
Des sortes d’automates déprogrammés dont la vie, balisée par les gestes d’un quotidien précaire, n’offre que peu de perspectives. Mais, même si la lucidité leur fait défaut, plane toujours au-dessus d’eux le vague désir de trouver un espace de liberté.
Et c’est par un petit événement insolite et brutal ou par une parole de trop, une frustration supplémentaire que ces espaces se créent : les personnages s’y engouffrent la tête la première, se décident soudain à se battre, à s’enfuir, à agir – même de façon incohérente ou absurde -, à parfois prendre la mesure de ce qui conditionne leur existence, pour s’autoriser enfin à perdre toute mesure…