Le Cabinet de curiosités / Genèse
Les cabinets de curiosités apparaissent à la renaissance. Ils rassemblent des objets rares ou étranges issus des trois règnes : animal, minéral et végétal, ainsi que des œuvres nées de la main de l’homme, tel un résumé du monde.
L’objectif de ces assemblages hétéroclites n’est pas encyclopédique. Il s’attache au contraire au fantastique et au bizarre pour comprendre et saisir les secrets de la nature et, par le biais de la singularité, stimuler l’attention, le désir et la passion du savoir.
Le projet artistique
Depuis 2010, la compagnie est en résidence dans la ville de La Garde. Son activité repose sur deux socles essentiels : la proposition de formes artistiques et la transmission.
Mon projet au sein de la compagnie s’est fondé dans la nécessité de l’exploration et du questionnement.
D’abord de la forme théâtrale. Je suis intéressé et nourri autant par les arts plastiques, la musique, la danse, la littérature, le cinéma et la bande-dessinée que par le théâtre. Tous ces angles de vue influent sur la manière de dire, de raconter, et d’être sur le plateau : pas de recette ou de méthode préexistante au travail. La forme s’invente avec le projet.
La ligne artistique, c’est la nécessité du déséquilibre et de l’inconfort, d’être à l’écoute et au plus proche de moi, pour proposer des objets théâtraux hétéroclites et sensibles. Par la diversité de leurs types d’écriture, tenter d’approcher et de saisir le désordre, la complexité, l’absurdité, l’horreur et la beauté du monde.
Cette exploration passe aussi par l’écriture collective et un goût affirmé pour la déconstruction ou le mélange de théâtralités (Le Projet Ennui, Au bord de la nuit/Triptyque d’après Patrick Kermann, Valérie Mréjen et Christophe Tarkos, Les inassouvis, Le sens).
Le dénominateur commun de tous ces spectacles réside également dans la volonté de placer l’acteur au centre du processus de création. Acteur moi-même, j’aime les diriger et les accompagner dans leur travail sensible dans un souci constant de précision et de clarté, tout en préservant leur identité, leur singularité, leurs forces et fragilités : Enlever tout vernis et livrer aux regards une humanité brute. Et mettre au centre et à nu nos désarrois, nos peurs, nos désirs et notre folie.
Perspectives
Si je me retourne sur les aventures théâtrales passées, force est de constater que je tourne autour de quelques thèmes récurrents.
La langue des auteurs auxquels je m’attache est souvent à la frontière entre l’écriture théâtrale, la poésie, et une forme de lyrisme voire de romantisme.
Le triangle amoureux, l’engagement, les passions irrépressibles, l’ostracisation, la mort, sont les questions qui m’obsèdent.
J’ai trouvé chez Maeterlinck, Harms, Andreiev, Kermann, Lorca et Molière des résonances à ces interrogations, une matière à explorer et sur laquelle m’appuyer pour construire et affirmer une identité artistique.
On trouve dans George Dandin, Pelléas et Mélisande et Noces de sang le même motif : une jeunesse emportée par la passion amoureuse qui fait vaciller, puis fait imploser un microcosme ou un ordre établi.
Ce sont trois grands textes, trois tragédies qui, par leur modernité, marquent une rupture et un tournant dans la dramaturgie de leur époque.
Mise en oeuvre
Nous envisageons nos créations par cycles de trois ans : nous mettons en chantier un travail d’écriture, de recherche et de montage de production autour d’un projet phare.
Les deux autres spectacles encadrent ce projet.
Ce sont des formes plus légères, des laboratoires à la conception desquelles sont associées les artistes de la compagnie. Elles répondent à l’envie d’explorer d’autres manières d’aborder le plateau et l’écriture, dans un temps court, avec une équipe resserrée.
Le temps de la maturation et de la construction d’un côté, et des propositions « jetées » sur le plateau, privilégiant une part plus instinctive de l’autre.
En dehors de nos propres créations, nous sommes attachés à proposer d’autres actions sur le territoire : une ouverture vers d’autres esthétiques, d’autres façons d’aller à la rencontre du public, et de créer du dialogue.
En insérant dans la programmation du Rocher un spectacle « carte blanche » pendant six saisons, nous avons amené des formes théâtrales qui contrastaient avec la programmation de la ville.
Elles ont été signées par des artistes à l’univers singulier (Renaud Cojo/cie Ouvre le chien, David Gauchard/cie L’unijambiste, Julien Bonnet/cie du Dagor, Johanny Bert/Théâtre de Romette, Jean-Louis Baille et Lucie Gougat/Les indiscrets, Baptiste Amann, Solal Bouloudnine et Olivier Veillon/L’OUTIL).
Nous avons aussi organisé sept évènements inédits au Théâtre du Rocher : les Arrière-boutiques. Ces soirées invitèrent à chaque fois une dizaine d’artistes (plasticiens, acteurs, danseurs, chanteurs, etc..) à proposer des impromptus d’une vingtaine de minutes : des objets artistiques éphémères ou en devenir, des tentatives d’un soir, ou des étapes sur le chemin d’une création.
Ces soirées-fleuves (plus de 4 heures) ont permis la rencontre entre artistes et spectateurs dans un moment privilégié, riche et fragile.
Guillaume Cantillon
Metteur en scène
Le parcours en quelques dates
- 2003 – Cabaret Toy d’après Daniil Harms
- 2006 – Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck
- 2009 – 2010 Dandin/Requiem d’après Molière
- 2011 – Dies Irae de Léonid Andreiev – Métiers de nuit (L’homme qui (ne) voulait (pas) être sage) de Joseph Danan
- 2012 – Le Projet Ennui (it’s enough to bore you to death) de Franck Magis et Guillaume Cantillon
- 2013 – Au bord de la nuit #1 d’après Patrick Kermann
- 2014 – 2015 Noces de sang de Federico Garcia Lorca
- 2015 – 2016 Les Inassouvis Création collective
- 2016 – 2017 1918, l’homme qui titubait dans la guerre Oratorio d’Isabelle Aboulker – en partenariat avec l’ensemble vocal Les Eloquentes
- 2017 – Métamorphoses ! d’après Ovide dans une traduction libre du latin de Gilbert Lely
- 2018 – Le sens de Guillaume Cantillon et Franck Magis
- De 2019 à 2022 – Impromptus Victor Hugo, Alexandre Dumas, Pierre Notte, Intelligence Artificielle.
A venir :
- 2022 – Le Système Ribadier de Georges Feydeau
- 2023 – Mort le Soleil (commande à Gwendoline Soublin)
Pour la saison 2013 – 2014, Le Cabinet de Curiosités a bénéficié de la plateforme d’accompagnement des entreprises de production artistique initiée par la Région, Paca et portée par l’Arcade Paca.